On est devant une parodie de l'incipit qui est le lieu d'horizon d'attente et des visées les plus avouées de l'écrivain car Flaubert a détruit l'effet du réel à travers l'invraisemblance des événements et des gestes des deux personnages. Pour mener à bien à bien cette parodie Flaubert a construit des personnages burlesques et comiques marqués par le parallélisme « l'un … l'autre », la métonymie « toile » qui dénote que le personnage est mal habillé et qui laisse transparaitre la laideur du personnage, avec un « gilet déboutonné »: il est à l'envers ce qui accentue encore cette ironie du personnage. On relève aussi le pléonasme « le plus «et l'adverbe « aisément » ce qui va pousser le comique au paroxysme, « alors » devient parodique parce qu'il renonce le roman, « tiens » recoupe une parodie qui provoque un comique de mots ce qui renforce ce caractère burlesque du personnage. On relève aussi le passée simple « parurent, s'assirent, furent » qui participent à cette parodie. Le titre du roman Bouvard et Pécuchet recoupe une parodie de la notion du héros.
Mais ces épisodes grotesques sont foncièrement tristes, ils ne révèlent pas seulement les limites de l'esprit, mais aussi le manque, le vide, que tous ces efforts tentent de combler. Au terme de ces échecs accumulés, cenéant finit par apparaître à Bouvard et à Pécuchet eux-mêmes. Ils cessent d'être leurs propres dupes: «Et ils examinèrent la question du suicide. » Flaubert convertit rapidement cet éclair de lucidité en une succession de scènes ridicules, où l'on voit lesmalheureux «sauvés» par la religion, dans laquelle ils se jettent avec leur zèle habituel. Mais, un instant, l'écrivainest apparu derrière ses personnages, qui sont, comme tous ceux qui peuplent son oeuvre, les images d'uneinsatisfaction essentielle: «Ils récapitulèrent leurs besoins inassouvis. Bouvard avait toujours désiré des chevaux, des équipages, les grandscrus de Bourgogne, et de belles femmes complaisantes dans une habitation splendide. L'ambition de Pécuchet étaitle savoir philosophique. » Bouvard et Pécuchet incarnent les deux versants de la création flaubertienne D'un côté, un rêve de «sultan», avidede toutes les satisfactions sensuelles (à cc versant appartiennent Salammbô et La Tentation de saint Antoine); del'autre le souhait de vivre loin du monde, de contempler sans s'y mêler la vie mesquine quis'agite au-delà de la retraite de Croisset (de cette contemplation détachée naîtront Madame Bovary et L'Éducationsentimentale).
Une allitération en "b" marque la monotonie de la pièce: " Boulevard bourdon", "barriques" "Bastille" "bateau" "bois"... Enfin le banc est décrit comme point central dans le récit: un observateur extérieur se situant sur le boulevard remarque deux hommes qui s'assoient au milieu du boulevard sur le même banc. 2. Un aspect parodique Les portraits des deux hommes sont caricaturaux, d'abord désignés ensemble:" deux hommes" puis séparément:" l'un,... l'autre" Ils sont en totale opposition: grand / petit déboutonné / sous sa redingote chapeau en arrière/ Casquette à visière pointue. Le couple est donc parodique, ils sont ridicules Aspect absurde: fait sourire le lecteur: " tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d'été. " Jours d'été = les plus animés de l'année. Dimanche = jour de congé: tous les habitants sont heureux et sortent: opposition avec le désœuvrement. La fatalité de la pièce est grotesque: l1: " Comme il faisait": fait penser à un milieu théâtral.