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Le Temps De Rien Richard Baquié St

Mon, 08 Jul 2024 16:35:54 +0000

Une réflexion sur les mots dans les arts plastiques. Œuvres à l'origine de la réflexion: Robert Smithson, A heap of langage, Paul Klee, Abstrakte schrifft, Richard Baquié, Le temps de rien, « Il suffit de regarder n'importe quel mot assez longtemps pour le voir s'ouvrir et se transformer en une série de failles, en un terrain de particules dont chacune renferme son propre vide ». Robert Smithson, cité in: Simon Morley, L'Art les mots, Thames & Hudson, 2003; Hazan, 2004, p. 158. Au regards des œuvres proposées et de la citation de Robert Smithson, deux contradictions émergent et nous invitent à un questionnement sur la notion de plasticité dans les arts plastiques. Tout d'abord, l'étymologie de mot désigne un élément sonore, un grognement même. Le mot est donc un tout phonétique. Si, plus tard, le mot est devenu un ensemble de signes juxtaposés pour créer du sens, on aurait tendance à le lire. Robert Smithson nous propose de le regarder. Il nous convie à une exploration du mot comme élément plastique à part entière, en le vidant de son contenu de signifiant: cela sera notre première étape dans la réflexion.

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Le Temps De Rien Richard Baquié St

Or, pour cet ancien soudeur, chauffeur de poids lourds, monteur de grues, ou encore, moniteur d'auto-école sorti tardivement de l'École des beaux-arts de Marseille, ses œuvres ne pouvaient se résumer à un tour de force formel. Ce n'est sans doute pas sans humour qu'il les qualifiait de « sculptures de série B ». Il n'aimait pas la pérennité de l'objet et jouait des tensions entre matérialité, fragilité et mouvement. Il avait d'ailleurs débuté en installant en 1982 un ballon gonflé à l'hélium à l'occasion d'une ouverture de son atelier (Ballon-Événement du 29 mars 1982). Ce qui traverse son travail, c'est surtout un rapport singulier et poétique au monde, oscillant entre désir de fixer le temps et les errances existentielles. Il y a les mots, aussi, qui constituent une matière au même titre que les autres; ils évoquent des déplacements et des durées, où le passé et le présent prennent des directions contraires et côtoient la possibilité d'un éternel recommencement. Dans Epsilon (1986), une épave de Renault 16 rouillée et brûlée (icône de la voiture familiale et du succès industriel français des années 1960) fait face à quatre grandes lettres découpées dans de la tôle ondulée.

Le Temps De Rien Richard Baquié 1

L'eau est un élément souvent utilisé par Baquié dans ses sculptures pour rendre sensible une certaine dilatation du temps. Céline Flécheux, extrait de la notice du catalogue de la collection du Frac Provence-Alpes-Côte d'Azur, 2000

On y lit: ZÉRO. Un écho au titre, symbole mathématique d'une quantité qui s'approche du néant, et aux lettres découpées dans la carrosserie qui indiquent: « Rien juste la mémoire de la lumière ». Un petit globe terrestre tourne doucement à l'avant du véhicule. Chez R. Baquié il y a toujours eu la géographie et les espaces physiques, politiques, ou mentaux qu'elle induit. Au mur, on déchiffre « 7, 6, 5, 4, 3…», tandis qu'un gros ventilateur obturant la portière avant droite, fait vibrer violemment la sculpture dans un bruit cataclysmique. Que ce soit avec des ventilateurs, ou des unités de réfrigérations, les œuvres de R. Baquié génèrent leurs propres mouvements, déflagrations, désirs, et cycles climatiques. Un jour ici ou là (1991) nous emmène à travers les coulures d'un lavis d'encre, vers un endroit souterrain, rappelant la nature violente de la vie en constante dégénération et régénération. Dès ses premières sculptures, le mouvement des corps est pris dans une Traversée du présent (1985) dont la direction n'est jamais linéaire.