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Le Grand Sommeil La Commune 2

Wed, 03 Jul 2024 01:50:29 +0000

À partir de 14 ans. Un solo vertigineux Qu'est-ce que jouer? Le Grand Sommeil, c'est celui où se déploient les rêves effrayants et fantasques de Jeanne, le personnage au cœur de la pièce de Marion Siéfert. Jeanne est une pré-adolescente de onze ans qui a collaboré aux répétitions avant d'en être écartée pour des raisons liées à la législation du travail des enfants. Le spectacle s'est alors recomposé pour faire de cette absence le centre névralgique de la pièce. D'un duo entre enfant et adulte, nous sommes passés à un solo vertigineux, tout entier porté par la danseuse, performeuse et chorégraphe Helena de Laurens. Par sa présence explosive, elle donne corps à un personnage monstrueux et hybride: ni enfant, ni adulte, Jeanne-Helena est cette « enfant grande » qui se joue des âges, de la bienséance et des idées reçues sur ce que doivent être les petites filles. La mise en scène de Marion Siéfert fait jouer au corps et à la voix des partitions distinctes, qui se répondent, se font écho ou jouent du contrepoint, recherchant constamment la surprise.

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Le Grand Sommeil La Commune Di

Au théâtre de la Commune d'Aubervillers se joue jusqu'à demain Le Grand Sommeil, mis en scène par Marion Siéfert et interprété par Helena de Laurens. Un monologue profond, une gestuelle déstabilisante, une performance soliste et pourtant multiple, complexe et complète. Silence dans la salle. Un silence étouffant, face au personnage, cette fille, ou cette femme, qui se tortille seule, loin de la solitude. Car dans ce corps, à moitié femme, à moitié enfantin, il y a une multiplicité d'identités. Jeanne, 11ans, absente, se loge dans le corps d'Helena, 28 ans. Cet ancien duo est devenu un solo, où l'unique corps présent sur scène s'hybride, pour faire s'exprimer deux consciences. L'absence de la moitié du duo qui devait, à l'origine, interpréter une fiction criminelle où une enfant et une adulte volent les rêves des spectateurs, cette absence est devenue le cœur de la scène. Le corps d'Helena prête ses gestes et sa voix à Jeanne, ancienne partenaire, retirée du projet après six mois de répétitions pour des raisons médicales et juridiques.

Le visage aussi, est chorégraphié. Danse de la bouche, du nez et des yeux. Danse des grimaces, parfois tendant vers une impression de psychopathologie. Car cette hybridation de personnage donne le sentiment d'une schizophrénie aiguë, comme si ce corps sur scène était possédé, ou coincé dans une identité, incapable de s'en défaire, dans une interaction perpétuelle avec d'autres. La performance d'Helena de Laurens s'enveloppe dans la multiplicité, bouscule nos représentations, interroge nos conceptions de la norme. « J'ai peur de ce qui n'est pas normal », avoue Jeanne, dans son incompréhensible étrangeté. Et visiblement, nous autres spectateurs ressentons la même chose. L'anormalité mise en scène provoque un malaise dans la salle. Alors, du silence, on passe au rire. On rit, on rit, très jaune, mais on rit. On rit pour exorciser le malaise, pour se re-stabiliser dans ce désordre que provoque cette confusion de personnages logée dans ce solo magistral. On rit, comme se mettrait à rire une classe de collège devant une scène érotique, au cinéma.