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Nicolas De Stael Figures Au Bord De La Mer De Cherbourg

Mon, 08 Jul 2024 05:01:50 +0000

Ainsi, naîtront quelques perles rares comme ces cinq petites huiles (quatre sur carton, une sur toile) Face au Havre réalisées à Honfleur (printemps 1952): beaucoup de blanc et un peu de bleu pour dire l'horizon qui se devine en frontière invisible au milieu de l'œuvre, avec d'un côté l'estuaire, de l'autre le ciel, ici ou là, bateaux ou nuages. Poésie peinte dans l'abstraction figurative ainsi confirmée. Suivront de plus grandes pièces, peintes en mai 1952, au Lavandou: couleurs fulgurantes, lumière éclaboussant les strates aux aplats chatoyants, le feu s'invite dans la peinture de Nicolas de Staël jusqu'à le dévorer de l'intérieur. Cap au Sud, Priorité peinture (lettre à Jacques Dubourg, mai 1952) et achat du Castelet, à Ménerbes, dans le Midi. Avant d'aller s'installer, seul, à Antibes, ce sont d'ailleurs les extraordinaires toiles du Fort carré (1955) qui parachèvent le voyage en revenant au point de départ, dans cette cathédrale de lumière qui donne à voir toute la gravité que porte cette pâte dans l'éclat intense des tons qui se succèdent jusqu'à ce que l'œil renonce.

Nicolas De Stael Figures Au Bord De La Mer

Gift of the Seymour H. Knox Foundation, Inc., 1969 © Adagp, Paris, 2014 Staël mène un combat nettement plus important que les querelles d'érudits de salons mondains: il veut porter la modernité dans l'absolu pictural. Ni rupture ni retour, transformation plutôt, interprétation surtout par la magie de son coup de patte. Félin, ce grand slave au visage émacié, semble vouloir écorcher la matière à coups de griffes successifs pour traiter encore et encore cette matière en mouvement et parvenir à la figer dans son élan premier et définitif. Une quadrature du cercle impossible à réaliser, sauf à marcher sur les pas de Sonia Delaunay, Arp ou Magnelli. Cela tombe bien, ils se croisent à Nice en 1940. Adieu la figuration, Nicolas de Staël tâtonnera pendant deux ans pour enfin trouver un style qui lui est propre et que l'on reconnaît instantanément. Nicolas de Staël, Face au Havre, 1952, huile sur carton, 14 x 22 cm - Collection privée © J. © Adagp, Paris, 2014 Accueilli dans la première salle, à droite, par cette Composition de 1951, le visiteur n'ira pas plus loin, le temps d'admettre ce qu'il a en face de lui, d'en saisir toute la force, le jeu chromatique automnal, la puissance du tableau édifié en gardien du temple dans lequel il se promettait d'entrer.

C'est entre la flamme du ciel et celle de l'eau soufflant en deux bleus, l'un assourdi et l'autre acide que s' èleve cette architecture où se consume les feux solaires. La mer tient les moellons sur une ligne de flottaison et ce rapport entre la masse et l'eau qui la porte dessine une ligne brisée. La tension de cette ligne qui définit le changement de plan suspend son souffle à l'accidentel qui participe du dynamisme du tableau. L'équilibre d'une couleur parmi les tons qui composent l'ensemble 'fait friser l'air' selon l'expression de Dante. Les masses maçonnées au couteau vivent d'une vibration de plans et d'interstices où les ombres creusent des liens qui font passer les bleus dans le bleu. Staël accentue le ciel d'un nuage qu'il pose 'par-dessus' comme pour nous prévenir du diamant orageux que couve la sérénité d'un bleu. Ce nuage reprend l'épaisseur de la pierre par ricochet. Ici, ce qui crée l'émotion est cette vision d'un 'instant' qui donne le temps séculaire. C'est la signification même de la Méditerranée.